Aujourd'hui

Mes cours du semestre sont l’occasion d’approfondir la lecture de La Religieuse, du Colonel Chabert et de L’Etranger. Les étudiants intéressés par mes notes les trouveront dans la rubrique Cours.

Je creuse, parallèlement au premier de ces cours, une réflexion qui faisait l’objet de mon livre Le Thyrse de la prose, en émettant l’hypothèse que, dans La Religieuse, Diderot a posé les bases de la conception moderne de la fiction, entendue comme production d’une forme de croyance qui ne soit pas religieuse quoiqu’elle se donne, dans ses débuts, comme diabolique. Cette hypothèse s’appuie elle-même sur une célèbre formule de Coleridge, généralement rapportée à la fiction alors qu’elle caractérise selon lui « the poetic faith » (la foi poétique, substituée à la religieuse) : « suspension provisoire et volontaire de l’incrédulité ». Quels sont les raisons et les moyens d’une telle suspension ?

L’autre chemin que je poursuis, depuis de nombreuses années, touche à ce que, visant Balzac, Stendhal, Flaubert et bien d’autres, on appelle « le réalisme ». J’éprouve l’idée selon laquelle, loin de consister dans « la promotion sérieuse du registre bas », comme le posait Auerbach dans Mimesis, celui-ci s’enracine dans une appréhension indissolublement mélancolique et grotesque du présent et même de la condition humaine, qui a trouvé ses formes symboliques spécifiques.